La Place aux Huiles, située à proximité du Vieux Port à Marseille, bâtie sur un ancien canal et qui devait son nom à une vie mouvementée au temps des riches commerçants, était dédiée maintenant, depuis de nombreuses années, à la flânerie, mais aussi à la restauration de nombreux commerces de bouche s'y étant installé.
En ce mois de juin, sur les terrasses des restaurants, les parasols, comme des bouquets de fleurs, se pavanaient aux multiples couleurs. Il était près de treize heures et on assistait à un va-et-vient de gens pressés cherchant une place pour déjeuner avant de regagner les bureaux. Les robes noires se promenaient, elles aussi, grossièrement pliées sous les bras des avocats qui arrivaient du tribunal tout proche. Ah, on ne les ménageait pas ces robes sorties des audiences, mais qu’importe, elles retrouveraient toute leur dignité dès lors que l’estomac de leur propriétaire serait rassasié.
Madeleine, exaspérée de ne pas trouver une place dans son restaurant préféré, s’avança vers le maitre d’hôtel qui la connaissait bien. Ce dernier lui adressa un sourire navré, mais eu bien du mal à résister au regard ensorceleur de cette belle jeune femme, à la chevelure flamboyante.
Après une courte hésitation, il se dirigea vers une table ou un monsieur, plongé dans une lecture qui devait être passionnante, occupait une table pour quatre à lui tout seul. Une erreur d’installation du serveur sans aucun doute. L’échange fut bref et le maitre d’hôtel fit signe à Madeleine de s’avancer.
Toujours plongé dans la lecture de sa revue, celui qu’on pouvait appeler son hôte, lui fit rapidement un signe de tête sans vraiment la regarder, histoire de lui faire comprendre qu’il ne souhaitait vraiment pas être dérangé.
— Madeleine...
Aucun écho ne répondit à cette brève présentation.
À suivre...