En cet été, les chaleurs sont insupportables. Ambre n’arrive pas à trouver un peu de repos malgré l’heure avancée de la nuit et cherche en vain un peu de fraîcheur dans son grand lit.
Elle s’est lassée de garder les yeux fermés puisque le sommeil refuse de se laisser séduire. Dans la faible lumière provenant d’une nuit particulièrement étoilée, elle observe son environnement. Entre réalité et fantasmagorie, avec curiosité elle s’attarde sur l’aménagement de sa chambre, vu hors l’éclairage du jour et s’amuse des ombres qui déforment ou animent les objets.
Au fur et à mesure que son regard passe d’un mur à l’autre, elle ressent une impression étrange, comme si quelqu’un l’observait de l’extérieur. Pourtant, pas de vis-à-vis direct qui peut avoir une vue dans sa chambre de ça elle en est certaine. Malgré la chaleur elle remonte le drap sur son corps.
La porte en bois peinte fermée sur ce tableau en face de son lit, lui semble maintenant entrouverte, et on pourrait bien imaginer une silhouette sur le point de se glisser furtivement à l’extérieur, un voleur peut- être à moins que ce ne soit un adolescent qui brave l’interdit ? La poupée sur le haut de l’armoire se frotte les yeux. Sur la petite table basse, le livre ferme ses pages pour un peu de repos.
Dans la cour un chat miaule doucement. Une voiture de police passe dans la rue. Au loin, un carillon sonne trois heures…Sur un chevalet, une marine inachevée attend le peintre…Le bruit du clapotis des vagues s’échouant sur la plage, berce Ambre d’une douce musique qui a raison de son insomnie.
Il est temps d’oublier le jeu d’ombres et d’essayer de dormir un peu.
Là-haut, tout là-haut, la pleine lune, dans toute sa rondeur, par la fenêtre laissée grande ouverte, l’observe sans vergogne, un sourire facétieux aux lèvres.