Un pauvre homme passait dans le givre et le vent.
Je cognai sur ma vitre ; il s'arrêta devant
Ma porte, que j'ouvris d'une façon civile.
Les ânes revenaient du marché de la ville,
Portant les paysans accroupis sur leurs bâts.
C'était le vieux qui vit dans une niche au bas
De la montée, et rêve, attendant, solitaire,
Un rayon du ciel triste, un liard de la terre,
Tendant les mains pour l'homme et les joignant pour Dieu.
je lui criai : « Venez vous réchauffer un peu.
Comment vous nommez-vous ? » Il me dit : « Je me nomme
Le pauvre. » Je lui pris la main : « Entrez, brave homme. »
Et je lui fis donner une jatte de lait.
Le vieillard grelottait de froid ; il me parlait,
Et je lui répondais, pensif et sans l'entendre.
« Vos habits sont mouillés », dis-je, « il faut les étendre ,
Devant la cheminée. » Il s'approcha du feu.
Son manteau, tout mangé des vers, et jadis bleu,
Étalé largement sur la chaude fournaise,
Piqué de mille trous par la lueur de braise,
Couvrait l'âtre, et semblait un ciel noir étoilé.
Et, pendant qu'il séchait ce haillon désolé
D'où ruisselait la pluie et l'eau des fondrières,
Je songeais que cet homme était plein de prières,
Et je regardais, sourd à ce que nous disions,
Sa bure où je voyais des constellations.
Comme toujours quand je le lis, j'adore la chute du poème... On dit que l'habit ne fait pas le moine, mais quel beau vêtement a tissé le poète au mendiant !<br />
Merci pour le partage.<br />
Bisous et douce journée.
je ne l'avais jamais lu ...me semble t -il, il ne faut pas parfois faire trop confiance à ma mémoire ! je suis comment dire ...fascinée ? par ce poème et sans doute la saison ou nous sommes, les sans abris...y sont pour quelque chose...<br />
bisous ...bien au chaud
J
JAK
18/01/2019 17:26
Notre Victor national et sa si grande sensibilité<br />
un beau choix que tu as fait
il y a quelques jours je promenais un peu perdue dans mes pensées, et engoncée dans mes vêtements tellement il faisait froid.Sous un porche une ombre accroupie que je n'ai pas remarqué de suite je l'avoue...puis j'ai réalisé et tu te dis , non c'est trop inhumain ! je suis revenue sur mes pas mais je n'ai pas fait grand hélas...Bises frisquet ce matin
M
manou
17/01/2019 10:06
Oups il est parti trop vite mon com. J'ai oublié de te faire des bisous !
ah ça ce n'est pas possible sans bisous :-) je les garde précieusement !<br />
grosses bises à toi aussi
M
manou
17/01/2019 10:05
Quel poème magnifique ma chère Eglantine pour illustrer le froid et l'hiver ! je ne me souviens pas de l'avoir lu un jour...Il m'aurait marqué et tu me donnes envie de me replonger dans un recueil de ce grand poète