Participation d'Anne. Défi 249.
Thème proposé par Laura : Pour le lundi 19 avril , c'est un jour férié qui sera à l'honneur comme le lundi de PAQUES( jour où j'écris ce défi) ou celui de PENTECOTE (à venir). Je ne veux pas entendre parler de PAQUES ou de PENTECOTE mais de ce qu'on fait de ces lundis fériés qui ne sont pas des jours de fête religieuse ou de commémoration laïque, mais des jours où beaucoup de français ne travaillent pas
Le 8 mai 1945 sur l’île de la Réunion, nous sommes à la fois si loin et si proche de la France. Je revois le parvis de l’Eglise de Cilaos où les créoles surpris et comme éblouis s’amassent heureux. Je me revois, à la sortie de la messe, au milieu de mes camarades de classe tenant chacune en main un petit drapeau tricolore confectionné par les sœurs, nos institutrices.
Sans trop réaliser l’importance du moment je me laisse gagner par l’euphorie générale. La cloche de l’église sonne à toutes volées et me voilà bientôt, dans le désordre ambiant, en robe blanche, suspendue à mon tour à la corde, m’envolant au rythme régulier du balancement de l’énorme bourdon.
Le soleil est de la fête. Autour de nous, le cirque de Cilaos avec ses falaises couvertes de forêts et les trois plus hauts sommets de l’île : le Piton des Neiges, le Gros Morne et le Grand Bénare. Les hommes vêtus de blanc, les femmes aux robes bariolées et aux chapeaux de paille s’interpellent joyeusement. Les enfants courent pieds-nus se faufilant parmi la foule. Tout ce monde est concerné de près ou de loin par la page de l’histoire de France qui est en train de s’écrire : la fin de la Grande Guerre.
À la maison, un repas de fête nous attend, nos invités, mon père et moi. Je dois tout d’abord aller chercher chez « le Chinois » les « petits pâtés » ainsi surnommés par ma mère, sorte de gâteaux feuilletés farcis d’une viande délicieuse et préalablement commandés par elle. À mon arrivée à la maison, comble de bonheur, trône sur la table un énorme saladier rempli de la mousse au chocolat dont elle a le secret.
Tout doucement, dans la tranquillité d’esprit retrouvée, s’achève cette journée de la « Victoire 1945 », vue de ma fenêtre sur un passage de l’histoire de France, souvenirs heureux d’une époque révolue à laquelle nous devons désormais un jour férié de plus dans l’uniformité de notre calendrier grégorien.