Article Programmé.
Jeudi en poésie des Croqueurs de mots. Texte d'Anne.
Dans de vieux papiers oubliés, je l’ai trouvé,
Ce visage, ce portrait qui nous vient du passé.
En tenue militaire noire, boutons argentés,
Képi et épaulettes, galons et baudrier.
Un visage très jeune, sur les lèvres, un sourire,
Traits parfaits, regard franc, oreilles de satyre.
Un homme qui, d’emblée, le respect vous inspire,
Beau comme un Dieu vivant, digne comme un émir.
Je le revois, enfant, tapant sur sa machine,
Étrange magicien couvrant de lettres fines
Des feuilles, de secrets, d’histoires qu’on imagine.
Il m’a donné le goût de l’écriture divine.
Il était, à la fois, un ami, un géant.
Je lui prêtais des pouvoirs, au delà du temps.
Il m’emmenait parfois, au bord de l’océan.
Sur sa moto, j’allais, les cheveux dans le vent.
Je vivais, grâce à lui, dans un château de verre,
À l’abri des dangers, des méchants, de l’hiver.
Le monde, où je vivais, était un univers.
Fort, il en était le cerbère. C’était mon père.