2. L’éducation ou les ruines de Pompéi
Au pays du Veau d’or, difficile d’être un jeune en l’« ère de l’humain » ou Anthropocène. Les jeunes seraient--on dit égoïstes, paresseux, intolérants, pas assez engagés dans la vie de la cité. Bien sûr, ils ont ces occupations habituelles qui accompagnent la jeunesse : surfer sur la « grande toile », écouter de la musique, voir des films en 3 D, aller se détendre dans les cinés palaces, jouer sur sa console intelligente, pratiquer du sport dans les nombreuses galaxies où se mélangent sport et technique, comme les combats de robots, les courses de drones, le football mixte, sans jamais quitter leur machine en forme de sarcophage. Depuis celle-ci, ils participent aussi à des jeux et suivent une grande partie de leurs cours en 3 D tout en ayant l’impression d’être dans une salle de classe.
Le téléphone intelligent est leur pierre philosophale. Ils s’envoient des messages via leurs lunettes transparentes, prennent des photos/vidéos. Leur réseau est grand. Ils sont les pros de la communication virtuelle et bougent physiquement de moins en moins. Pourtant, dénués d’espoir sur le futur de l’humanité mis en péril par la crise climatique, ils voient l’avenir comme effrayant. Plusieurs d’entre eux ont perdu tout contact scolaire et ne sont plus connectés à leurs enseignants 3 D. On les retrouve dans les rues par bandes organisées, procédant à toutes sortes de rapines et de malfaisances pour exister. Un sentiment d’échec croît avec la représentation d’un monde où l’insertion est de plus en plus soumise à la pratique des techniques, aux médias et à l’influence des marchés.
Dans les médias pourtant si anesthésiés, des voix s’élèvent pour se plaindre de plus en plus des conditions néfastes d’instruction et d’adaptation à une société à la recherche d’elle-même. Démissions, dépressions, problèmes de recrutement des Anges du savoir, au sein du grand ministère des Chemins de la connaissance. Les « Enseigneurs » de tous horizons : Anges du savoir, magiciens des mots, gardiens des grandes connaissances, princes des sciences… qui sont de moins en moins nombreux se plaignent de ne pas avoir de contacts avec leurs élèves qu’ils ne connaissent même pas, du peu de considération accordé à leurs fonctions et des milliards de monnaies électroniques utilisés en vain à cacher le délabrement général. Les jeunes leur préfèrent les réseaux sociaux. Les « Enseigneurs » ont l’impression de parler dans le vide. Nombre d’entre eux se sont même élevés pour dénoncer la dévaluation des concours.
Longtemps, le métier d’Ange du savoir fut une vocation digne d’un sacerdoce, un engagement quasi mystique pour le bien public. Les langues se sont déliées peu à peu dans ce domaine comme dans les journaux et les médias pour dire la dégradation des conditions de travail, la gestion humaine indécente des services, la perte de sens de ces beaux métiers de l’éducation assimilés à des jobs. Des métiers qui sont même devenus dangereux, exposant ceux qui les exercent à des insultes et, au pire, à des harcèlements sur les réseaux sociaux. Certains d’entre eux qui par inconscience ont osé défendre la libre expression ne se sont-ils pas vus menacés de mort en sortant de l’Athénée ?
Certains médias iront jusqu’à émettre l’idée que l’argent des impôts des contribuables du Pays du veau d’or, est distribué sans aucun suivi et sans grand résultat puisque le monde des grands Bimaristans est en déroute, le niveau des Institutions des secrets de la connaissance baisse de plus en plus et qu’à l’horizon, bien d’autres dérives s’annoncent.
Dans leurs cités immenses, ils ont tous un futur
Cités tentaculaires aux gigantesques tours.
Ils font face à des défis de mauvais augure
Et voient leurs rêves bleus s’enfuir jour après jour,
Jeunes pour qui la confiance est une armure
Et la clé merveilleuse des chemins de l’amour !
Anne. 10/02/2023