Au pays du Veau d’or où règne le conformisme et la soumission à l’ordre établi, dans les villes aux rues encombrées de longs bus à oxygène et de voitures autonomes aux énormes roues et aux formes arrondies, se croisent, à l’intérieur des tunnels piétonniers vitrés et des trottoirs ambulants, les habitants affairés et imperturbables.
Mais voilà qu’un jour éclot une rumeur lointaine, cheminant par les médias, les luxueux bars-cafés, les salles de réunions, les lieux d’étude ou de travail, les clubs de sports et même les lieux privés, une rumeur grossissante, s’enflant de jour en jour.
Hackers, concepteurs de mondes numériques, spécialistes en énergies renouvelables, pilotes de drones, livreurs, experts en cyborgs, managers du bonheur, hommes ou femmes de toutes classes sociales commencent à exprimer leur insatisfaction.
Que faire quand la santé tant protégée par le passé n’est devenue qu’une valeur marchande ? Chacun ne pouvant s’empêcher de constater, les dérives des Grands Bimaristans, temples de guérison surchargés de malades, de plus en plus privés de lits et d’appareils de soin. Par centaines, les voilà contraints de fermer ou de réguler leur service d’urgence, durant de longues et angoissantes nuits. Jour après jour, les Princes du sang, soignants de grande qualité, surmenés et mal rémunérés, quittent ces Grands Bimaristans, successeurs des hôpitaux de jadis. On y manque de médicaments, de narcotiques, de produits pharmaceutiques, d’antidotes, de drogues puissantes. Les pannes des robots-opérateurs immobilisés par manque d’électricité créent des situations souvent dramatiques.
La pression se fait de plus en plus intense sur les équipes médicales à la suite d’épidémies successives. Certains malades doivent attendre des heures, dans les camions-ambulances amphibiens des infirmiers pompiers, avant d’être admis dans des lieux de soin ou de survie. D’autres ne peuvent être accueillis que dans des tentes dédiées aux catastrophes. Pour comble de malheur, au pays du Veau d’or, en plus de la saturation des temples de guérison, s’installe un vrai malaise. Partout, on voit naître des déserts médicaux, l’offre de soin étant insuffisante du fait d’un faible renouvellement des disciples d’Esculape ambulants, si peu considérés par le pouvoir. Et pourtant, illusoirement, semble régner dans le pays, un calme imperturbable.
Dans leurs fourmillantes cités pleines de rêves,
Où les richesses et le bonheur s’accumulèrent,
Dans leur pays, sur les monts, les vals et les grèves
Subsistera-t-il de la raison, la lumière ?
Faut-il, les acquis, remettre en question sans trêve ?
Excellent texte d'Anne avec une bonne vision de notre environnement santé " bien mal en point ". Félicitations !<br />
Sauf que ce texte arrivera aux oreilles de sourds voire sourdingues ou des miros aveuglés par l'or et l'argent.<br />
Très belle description de notre Société gérée par les Gripsous.<br />
Merci et Bisous sans compter - daniel
Oh, je n'avais pas vu ce 1er épisode... Il est super ! et réaliste, car déjà en cours... Mon beau-père est resté plus de deux jours dans son pipi aux urgences avant d'être soigné puis installé dans une chambre... à cent ans, tout de même ! <br />
L'Entre deux mondes risque d'être compliqué.... Après ??? <br />
Merci Anne <br />
Gros bisous
S’il te plaît Luciole ! Reste optimiste ! Cela me fait du bien. Bisous
R
Renée
14/02/2023 15:37
Un texte qui parle de futur noir mais qui, pour bien des aspect est déjà d'actualité....Ou peu s'en faut. Bravo Anne gros bisous à vous deux et à Horace (sourire)
Tu as bien raison Renée. L’évocation de Horace est rafraîchissante face à une actualité aussi sombre et à un futur aussi inquiétant. Bisous
J
jazzy57
14/02/2023 15:07
Excellent texte , j'ose espérer qu'il ne reflète pas ce que sera notre société dans quelques années, mais certains constats sont déjà bien réels de nos jours.<br />
Bonne journée <br />
Bises
Vive les bien-portantes. Au moins eux sont, dans ce contexte, à l’abri du progrès. Amitiés
J
Josette
13/02/2023 17:39
Les adorateurs du veau d'or sont des aveugles et des sourds obnubilés par les loisirs... jusqu'au jour où le ciel leur tombe sur la tête.<br />
Cassandre n'a jamais bonne presse.<br />
beau texte Anne
L’expression: « Adorer le veau d’or » signifie aimer l’argent, les biens matériels et ne fréquenter que des gens riches. Puissance de l’argent, des richesses ! Bises
J
jill bill
13/02/2023 16:57
Bonsoir Anne, triste constant d'une société qui bat de l'aile... au siècle de tous les progrès !!! Merci, amitiés, JB
Je n’ai pas eu besoin de faire preuve de beaucoup d’imagination pour écrire ce texte que je voulais de science - fiction. Amitiés Jill
Z
Zaza
13/02/2023 16:49
De la science-fiction qui n'est pas loin de se rapprocher de ce que nous vivons actuellement dans le domaine de la santé, Anne.<br />
Bises et bon début de semaine - Zaza