M'Annette a dit : Dans un grand moment de "ras-la-casquette", vous voilà parti(e) seul(e) en vacances, en Corse. Au volant de votre petite voiture, après vous être attardé(e) un peu sur le port de Bonifacio, vous regagnez votre hôtel à Ajaccio, zigzaguant dans la montagne. Le ciel s'assombrit, la nuit tombe, mais il y a aussi l'orage qui gronde, et soudain!...panne de voiture! Seul(e) au milieu de nulle part, sous la pluie désormais, vous vous demandez ce qui vous a pris de partir ainsi tout(e) seul(e) et la suite est sous votre plume!
Voilà que je le menaçai une fois de plus de partir seule en Corse puisqu'il ne voulait pas m’accompagner. Son argument était que j’allais retrouver « ma mafia » entendez par là ma famille et les amis de ma jeunesse. Lui, le pinzutu, avait pourtant été bien reçu les rares fois où il avait consenti à se déplacer mais je crois que c’était une sorte de jalousie du fait que c’était moi qui était « l’enfant du village » et pas lui. Mais cette fois s’en était assez, j’en avais « ras la casquette » ! Grâce à internet je pus faire rapidement une réservation sur le premier bateau qui partait via Bonifacio, pour moi et ma petite voiture.
La traversée se passa sur une mer d’huile et nous débarquâmes à 7 h du matin sur le port de Bonifacio. Mon hôtel était réservé à Ajaccio pour ce soir et je pouvais passer la journée dans la ville à faire la touriste sans me presser, juste deux heures de route me séparait de ma première étape en Corse. En fait moins de cent cinquante kilomètres me séparait d’Ajaccio, mais en Corse j’avais appris à mes dépens, qu’il était plus prudent de calculer en « temps » plus qu'en « kilomètres ».
Bonifacio est perchée face à la mer, sur une falaise. Le port est situé au fond d’un fjord et côtoie la verdure des alentours, la mer d’un bleue turquoise, vient frapper inlassablement le pied des falaises. Sur les quais, après avoir découvert l’Eglise Saint-Erasme je me dirige vers la citadelle par la montée Rastello et c’est par la porte de Gênes que j’accède à la ville haute. Il y a tant à voir : caserne génoise, place d'armes, puits Saint-Barthélemy...que mes jambes commencent à fatiguer.
Je remets à l’après midi ma promenade dans les ruelles de Bonifacio pour découvrir l'église Sainte-Marie-Majeure, le Palazzu Publicu et la place Manichella pour la vue sur la mer, les falaises et la Sardaigne. Ma montre m’indique midi passé et je décide d’aller déjeuner dans un des nombreux restaurants qui offrent d’agréables terrasses, propices à une pause et qu’on trouve sur les bords du port.
Nous n’étions qu’au mois d’avril et ce n’était pas encore les longues journées d’été aussi vers 18 heures je décidai de prendre la route nationale car il ne fallait pas compter sur une autoroute quelconque. Mon premier point de repère sur la carte était Propriano puis Olmeto, soit environ quatre-vingt kilomètres avec quelques cols à passer. Je ne pus résister à la vue des plages du côté de Propiano ou je m’attarde plus que de raison, la nuit commence à tomber lorsque je réalise qu’il fallait me dépêcher, d’autant plus que du côté de la montagne arrivaient de gros nuages noirs.
La RN 196 ne longe pas souvent le bord de mer mais entre plutôt à l’intérieur des terres au milieu des cistes et le maquis et c’était le cas pour la route que j’empruntai pour aller sur Petreto-Bicchisano via Ajaccio. Un premier éclair au loin, je ne peux accélérer la route ne s’y prête guère, puis un second, quelques grosses gouttes sur mon pare-brise. Toute mon attention est concentrée sur le bord de la route et les petits ponts sans parapet qu’il faut franchir.
J’y vois de moins en moins bien, mes phares ont l’air de vaciller, ce n’est pas le moment de tomber en panne…je crains que mon téléphone portable ne me soit d’aucun secours dans le coin mais j’ai besoin de vérifier, des châtaigniers sur ma droite …enfin un emplacement suffisant pour que je puisse m’y arrêter, il fait nuit noire autour de moi et l’orage se rapproche. Point de liaison comme je le supposais, il ne reste plus qu’à repartir…quelques « clacs » dans le vide, la voiture refuse de redémarrer et mes phrases s’éteignent complètement.
Je suis prise de panique, pas une seule lumière, ni près ni lointaine autour de moi, rester sous un arbre alors que l’orage se rapproche de plus en plus n’est guère prudent et là je commence à me demander sérieusement si c’était vraiment raisonnable de partir sur un coup de tête au lieu d’user de diplomatie …après tout il m’avait bien accompagné quelques fois !
Moi et mes emportements …mais ce n’est pas le moment de faire son examen de conscience…des bruits et des grognements dans le maquis pas très loin…la peur me gagne de plus en plus…les « tocs- tocs » de mon cœur sont presque assourdissants…des histoires de bandits corses me reviennent en tête…que je suis bête, c’était des histoires qu’on racontait à la veillée ma fille secoue toi…un sanglier peut être ? Il vaut mieux ne pas se trouver sur son passage…je ne rêve pas c’est bien des groins- groins que j’entends…deux petits cochons noirs sortent des fourrés et se dirigent sous les châtaigniers…mon cœur se calme, ils sont si petits qu’ils ne peuvent qu’être inoffensifs et puis ils sont si mignons. Le feuillage dru du châtaigner nous abrite tous les trois pendant que la pluie continue à tomber.
Un bruit de pas se rapproche et avant que je ne réalise, un homme se dresse devant moi avec une lampe torche à la main...un berger parti à la recherche d’une brebis égarée…drôle de brebis que je fais …ce n’est pas celle qu’il cherchait mais pour ce soir, moi je suis sauvée.
Toute ressemblance avec des personnages ou des
Faits réels…pourraient être… presque vrais !