Un petit coin....
Un p'tit coin d'parapluie
Contre un coin d'paradis
Elle avait quelque chos' d'un ange
Un p'tit coin d'paradis
Contre un coin d'parapluie
Je n'perdais pas au chang', pardi
Cette chanson que chantait Gorges Brassens a accompagné ma jeunesse. Et cette jeunesse me ramène sur une route de bord de mer d’environ deux kilomètres, que j’ai emprunté si souvent à pied, le matin et le soir, pour me rendre au lycée. Beaucoup moins de voitures qu’actuellement pour ne pas dire peu et rien ne venait troubler le bruit de la mer qui venait mourir sur les rochers. Les odeurs des pots d’échappement des véhicules n’enlevaient rien au parfum des embruns qui montaient jusqu'à moi. Parfois quelques gouttelettes m’arrosaient légèrement et je goûtais avec plaisir le goût salé de l’eau sur ma peau.
C’est en hiver que je préférais cette route, à l’approche des vacances des touristes l’empruntaient comme moi. La Méditerranée se met peu en colère et j’aimais particulièrement lorsqu’elle oubliait d’être sage et qu’elle s’agitait pour mon plus grand bonheur. Je devançais souvent l’heure de mon départ pour avoir le temps de m’attarder en cours de route. La mer me fascinait et je restais de longues minutes à la contempler, oubliant parfois que des cours m’attendaient de l’autre côté de la ville.
Je ne peux plus m’y rendre que dans mes souvenirs, les constructions ont pris possession de chaque centimètre disponible et bouchant souvent la vue pour celui qui circule sur cette route. Plus d’odeur enivrante, plus de silence permettant d’écouter le chant des sirènes sur les rochers. Dorénavant la mer de mon enfance chante pour des gens qui ont les oreilles bouchées par les bruits environnants …