Souvent je regardais le mur de la maison d'en face et pourtant je ne me souvenais pas d'avoir enregistré la présence de jumeaux sur l'affiche ni d'ailleurs les larmes sur le visage de l'un. Sur une route déserte un homme avec un masque gisait à terre, dans un autre coin de l'affiche on voyait un couple en habits de mariés, une farandole les entourait et dansait autour d'eux.
Il fallait me rendre à l'évidence, je n’avais pas vue avant cette affiche, mais compte tenu de la tache foncée sur une grande surface, de son aspect délabrée, elle devait être ancienne. Était-ce la fièvre qui envahissait encore une fois mon esprit ou bien avais-je franchi les portes de l'enfer? A tout prendre je préférai me promener dans une forêt rafraîchissante mais ce masque, oui ce masque mis en relief sur l'affiche me perturbait.
La pluie et le soleil jouait à cache-cache ce jour-là. Encore une fois mon regard quitta le mur ou avait été collé l'affiche et se dirigea vers l'étang tout proche. J’en rageai de ne pouvoir aller m’y promener mais le médecin m’interdisait toutes sorties ne sachant à quoi attribuer ces frissons qui me parcouraient le corps par moments et qui m’emmenaient dans des délires sans fin. Puis le calme revenait et je retrouvais ma raison. Non je n'étais pas fou de ça j'en étais certain quoique...autant que nous puissions en être certain !
Je ne pouvais imaginer la fin du monde ou du moins "d'un monde"...il y avait tant à faire encore. Soudain un parfum particulier m’enveloppa, c’était l’infirmière qui franchissait la porte de ma chambre. Depuis combien de jours étais-je confiné ici ?
Il me fallait me confier à quelqu'un, je n’en pouvais plus de ce silence autour de moi :
- Je pourrai être un amant cherchant à vos impressionner par une histoire folle, il n'en est rien je vous rassure, c'est histoire que je vous confie est vrai, c'est une certitude. La solitude me pèse et souvent les objets, les images semblent avoir pitié de moi et me racontent leurs histoires. Cette affiche, oui cette affiche je vous assure….
Elle me regarda avec compassion me sembla-t-il, mais ne dit rien. Elle a dû penser qu’une fois de plus je délirais…
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À titre d'inspiration, ont été utilisées des citations des livres suivants :
Les Murs et autres histoires (d'amour) de Vaikom Muhammad Basheer
La Verticale de la lune de Fabienne Juhel
Tango chinois de Hugo Horst
Garden of love de Marcus Malte
La Trahison de Cécile Wajsbrot