Il est quatre heures quarante-cinq minutes. Le téléphone sonne chez Pimprenelle:
- Allô ? Pimprenelle à l’appareil.
- C’est moi, je rentre du bureau dans un quart d’heure, tu as besoin de quelque chose ?
- Oui, passe donc chez le marchand de bisous, celui de la petite allée fleurie, derrière la Mairie. J’ai oublié son nom. Celui qui a repris l’affaire de son père, l’ancien marchand de cycle.
- « La bécane à bécots » ?
- Oui, c’est ça.
- Bon. Des bisous, il t’en faut combien ?
- Un seul, un beau. Choisis-le bien frais. Écarte les bisous gâtés, les ramollis, les tristounets. Prends le meilleur, le plus craquant, celui qui donne envie.
- Je fais quoi s’il n’y a que des bisous de la vieille ?
- Laisse-les lui, je n’y toucherai pas.
- Et s’il n’en reste plus, je prends quoi à la place ?
- Ben, je ne sais pas moi. Une douzaine de petits bécots au sucre?
Anne C. Magnan-Park.