Nuit d’orage
Trois heures du mat’ la nuit est si chaude malgré la fenêtre ouverte qu’elle a quitté son lit pour se réfugier sur le canapé du salon. Souvent, par ce temps de grosses chaleurs, elle vient s'y reposer un instant, la pièce à vivre étant beaucoup plus spacieuse que sa chambre.
Les volets électriques ne sont pas occultés complètement pour que la fraîcheur de la nuit puisse rafraîchir la maison. Un bruit la réveille vers les quatre heures…la pluie…de plus en plus violente tape sur le balcon alors que les premiers éclairs illuminent la pièce à travers les volets.
Les stations météos ne se sont pas trompées, l’orage se rapproche. Vite, débrancher LiveBox, téléphone, télévision et tout ce qui peut donner idée à la foudre de venir lui rendre visite …sans oublier de refermer les fenêtres et de mettre une bougie à portée de main dans le cas où il y aurait une coupure de courant…et pendant ce temps l’homme continue à dormir du sommeil du juste !
Que faire d’autre que d’attendre que l’orage se déplace…se consoler peut être en se disant que les pots de fleurs seront bien arrosés ? en vue du vent annoncé, les plus fragiles ont été protégés dans un coin plus abrité dès hier après-midi.
Et là on réalise que madame la fée électricité c’est vraiment pratique, et que d’avoir à appuyer juste sur un bouton pour fermer les volets de la maison, c’est « ben counfourtable, si siam ben d’accord » mais …si la fée n’est plus là …à part de sortir sur le palier tu ne peux plus rien faire !...ça c’est les idées qui lui traverse la "testa" les jours d’orage parce que le reste du temps le côté pratique l’emporte sur l’angoisse de peut-être que …
Une demi-heure déjà que l’orage gronde, la « calourasso » (grosse chaleur) est toujours là, on dirait que la pluie la fait ressortir du béton de la terrasse et qu'elle pénètre à nouveau dans la piece. Impossible pour le moment de se rendormir…sa fille non plus n’aime pas les orages mais ce n’est point l’heure de lui téléphoner !
Elle a dû quand même somnoler un certain temps car c’est le silence qui la réveille vers les cinq heures et demi…tout était silencieux à part le cliquetis de quelques gouttelettes…juste les dernières, celles du ciel qui finissait de s’essorer…
Alors elle regagna son lit, remonta le drap sur elle car un petit souffle frisquet s’était engouffré dans la chambre et se rendormit auprès de l’homme qui continuait à dormir du sommeil du juste…comme si l’orage n’avait jamais existé.
Et pourtant …pour une raisso ce fut une belle raisso !