En ce dimanche du mois d’août, à 11 heures du matin les cigales chantent déjà, tant la journée s’annonce chaude. Sur la place de l’église, les touristes se désaltèrent à la terrasse de l’unique bar abrité par la frondaison des platanes.
Les cloches appellent les fidèles pour la messe, pendant qu’une longue file d’attente se forme devant la boulangerie. Le « parisien » qui a loué le gite dans la partie basse du village, pas très loin de la rivière, avec un grand jardin, attend là depuis plus de trois quarts d’heure.
Il a commencé par s’amuser de la faconde de la boulangère qui s’enquiert de la vie de la maison de chaque client, puis son regard s’attarde sur la file devant lui, tiens la petite vieille toute menue, essaye de se faufiler pour passer devant la mère de famille, pendant que l’homme en short bleu, indécis ne sait quel pain choisir, encore un mari qui est envoyé par sa femme et qui n’a pas l’habitude de faire les courses !
La mère de famille piaffe d’impatience, et s’emporte
- alors mémé on essaye de passer avant les autres ?
Vous n’avez pourtant pas des loupiots qui attendent à votre âge ?
À chacun son tour !
- en marmonnant contre la jeunesse, grand-mère recule d’un rang.
Le « parisien » commence lui aussi à perdre patience, la mère de famille lorsque son tour arrive n’en finit plus de choisir les gâteaux pour sa progéniture qu’elle a surement nombreuse et difficile, il était inutile de rouspéter contre le pauvre mari, elle n’est pas plus rapide !
Tout compte fait en province, le dimanche à la boulangerie ce n’est pas si différent des files d’attentes de Paris, sauf qu’ici en plus on y raconte sa vie !