Lettre ouverte à …Monsieur le Conférencier,
Professeur, philosophe, diplômé des sciences politiques, reconnu par vos pairs, de nombreuses récompenses, et non des moindres, ayant marqué le parcours de votre vie, voici ce que j’aurais pu vous dire si j’avais eu le courage de prendre le micro, lors des questions, après votre conférence sur le Bonheur :
En introduction je vous aurai dit, bien qu’ayant dépassé et plus largement que vous les soixante-dix ans, je ne me considère pas, du moins pas encore, comme une « vieillarde » contrairement à ce que vous avez semblé dire vous concernant…mais ce n’est peut-être qu’une boutade ?
Ensuite, en gardant le micro bien serré dans ma main, j’aurai précisé que mes études sont bien lointaines et bien simples, et que mon ressenti ne trouve sa place qu’à partir d’un vécu de vie, mais n’avez-vous pas dit que le Bonheur était plus facile pour les gens simples ? du moins c’est ce qu’il m’a semblé comprendre…
Vous avez dit aussi que pour qu’il y ait Bonheur il faut qu’il y ait partage, je suis totalement d’accord avec vous sur ce point… de la même façon que le malheur est plus facile aussi à supporter lorsque l’on n’est pas seul.
Mais là où les choses me dérangent c’est le rapprochement entre
« être heureux et le Bonheur ». Tenez, « plaisir » peut aussi faire partie de ces images, ainsi :
Je suis « heureuse » d’être sortie de ma « tanière » (oui il se trouve que je suis très casanière), je vous écoute avec « un plaisir » que je partage avec d’autres personnes mais dans le cas présent je n’atteins pas le « bonheur » c'est-à-dire la « plénitude » du moment présent. Etre heureux à mon avis est d’un degré moindre que le bonheur mais supérieur au plaisir.
Si j’ai bien entendu, l’homme ne prendrait conscience du bonheur que lorsqu’il se "replonge" dans des phases de sa vie passée ? Est-ce à dire que soucieux de son avenir, il ne perçoit le bonheur qu’en regardant derrière lui et donc qu’il ne profite jamais de son état présent ? Carpe Diem non jamais?
Et puis « le bonheur [1] » au singulier est-il envisageable ? il faudrait pour cela imaginer une plénitude sans interruption, un état durable, ce qui me semble bien peu réaliste. Je préfère pour ma part imaginer « des bonheurs », de ces petits bonheurs qu’on peut semer sur la route, en partage…Selon les hindous : « le vrai bonheur consiste à rendre les autres heureux ».
Voilà une partie de ce que j’aurai pu vous dire mais l’en l’ayant pas dit je ne connaîtrai jamais vos réponses…
La langue française a trouvé son bonheur dans le bas-latin dans le mot augurium qui signifiait "le présage, l’augure", dont elle a fait le mot « heur » au masculin, que l’on distingue bien du mot « heure » qui signifie "l’heure qu’il est". Heur donc signifiait le destin, ni bon ni mauvais, ni favorable, ni défavorable.