A l’heure ou les petits enfants font des projets de primo accédant, les grands-parents, eux se préparent à choisir leur « avant dernière résidence », le mot « demeure » à un petit coté de départ final, je préfère résidence… pour la « dernière » nous ne sommes pas pressés.
Voilà c’est fait, l’agent immobilier est venu, le mandat signé, nous mettons en vente notre maison. Si l’Homme était favorable à ce changement déjà depuis plusieurs années il m’a fallu un peu plus de temps pour me faire à l’idée de la quitter. Il en a été de même lorsque j’ai décidé d’arrêter toute activité professionnelle…rémunérée, car l’arrêt de l’activité tout court, ne s’est jamais produit encore à ce jour et c’est bien ainsi. Une fois la décision bien murie et mise à exécution, jamais je n’ai eu de regret ni de nostalgie sur ce qui « était ».C’est une page qui se tourne, une autre tranche de vie qui commence et plus que la fin de … je préfère penser au début d’autre chose, avec toutes les découvertes qu’on peut faire. Aujourd’hui je suis sereine et heureuse de la décision.
Pendant pas mal d’années, le travail de l’Homme de la maison a fait que nous avons eu à affronter quelques déménagements. Aussi lorsque nous avons posé nos valises dans la Villa La Rose, les enfants ont souhaité que ce soit notre port d’attache. . Nous nous sommes adaptés aux besoins des uns et des autres mais tout en restant sur place. La maison pendant de très nombreuses années a été le lieu de retrouvailles des enfants et petits-enfants, de la famille mais aussi des amis.
Villa La Rose, choisie assez grande pour y loger notre progéniture et nous-mêmes et un peu plus encore, a vécu avec nos joies et nos peines, mais jamais silencieuse. Nous n’avons jamais su si ce nom qu’Elle portait fièrement était dû à la couleur de sa façade ou aux rosiers dans le jardin. Toujours est-il qu’il était courant pour les enfants de parler de « villa la rose » plutôt que de dire « chez les parents ». Nous avons bien profité d’Elle, Elle a bien profité de notre présence et le temps maintenant est venu que d’autres personnes la fasse vivre. Les années ont passé et l’âge est là, nous ne nous occupons plus d’Elle comme Elle le mérite, c’est certain.
Le plus difficile reste cependant à venir : débarrasser la maison de tout ce qui dort depuis des années mais qu’on a gardé « parce qu’on ne sait jamais… ». Nous avons commencé tout doucement, mais je crois qu’il serait sage d’accéléré le tri car pour le moment il se fait toujours avec un temps de méditation sur la chose concernée ou d’hésitation, les souvenirs affluant chaque fois qu’on fait le geste de mettre à la poubelle ou de le donner à qui ça peut servir. Donner est encore ce qui est le plus facile, jeter est perturbant.
Les ventes ne se réalisant jamais très vite, sans doute aurais-je le plaisir de profiter d’un dernier printemps dans notre petit jardin, du parfum du lilas que j’ai planté dès notre arrivée, du cerisier nain cadeau de la fille pour la fête des mères, les camélias cadeaux du mari connaissant ma passion pour ces plantes, la menthe et le laurier ramenés symboliquement de Corse…les rosiers, ah les violettes …nos premières rencontres amoureuses, l’ombre des tilleuls assise sur le banc… et puis tout le reste…avant de dire le dernier au revoir à Villa La Rose.