C’est entre le 29 et 30 août, que les quatre villages dans le canton de Venaco (Corse) fêtent la Sant’ Eliseu. Mes souvenirs d’enfance remontent encore une fois dans ma mémoire, à croire que lorsque j’ai vidé « la malle aux souvenirs » pour mes petits enfants dans un petit livre, il y avait un double fond où sont cachées encore beaucoup d’histoires.
Bref, à ces dates étaient organisé un pèlerinage nocturne pour se rendre à la chapelle qui se trouve à 1587 mètres d’altitude en remontant la vallée du Misongu, montagne qui domine les quatre villages. Sant’Eliseu avait fait l’objet de disputes entre cortenais et vénacais chacun souhaitant se l’approprier, mais ces derniers avaient finit par avoir gain de cause et le saint veillait sur leur territoire de loin, sur les bergers et les troupeaux. Depuis son installation il leur avait apporté abondance, pour cela il méritait bien un pèlerinage chaque année, pèlerinage fait par tous les gens valides des villages et non seulement les bergers. Donc le 29 août dès minuit, petits et grands empruntaient le sentier qui était long et rude et ce n’est qu’au petit matin qu’on arrivait à bonne destination.
La lune éclairait tous ces pèlerins sortant de leurs maisons et s’en allant d’un pas tranquille pour rendre grâce. Un âne souvent accompagnait deux ou trois familles faisant route ensemble car il fallait bien transporter les victuailles pour deux jours et des vêtements chauds pour se préserver de la fraicheur. Dans un premier temps les enfants couraient devant mais vers les deux ou trois heures du matin la fatigue les gagnait et chacun faisait halte pour prendre un peu de repos sous la voute céleste. Un ciel de montagne n’est à nul autre pareil tant les constellations le font briller de mille feux. Après une heure de repos tout ce petit monde se remettait en marche presque silencieusement pour ne pas troubler la paix environnante, juste en contre bas le bruit du torrent qui accompagnait leurs pas.
Lorsqu’on voyait aux premières lueurs de l’aube la chapelle se détacher sur la montagne on savait qu’on en était pas très loin et la marche s’accélérait pour profiter de la vue panoramique sur le Monte Cardu au Sud, sur le San Pedrone au nord…ensuite venait dons et prières.