Autrefois « médecin de famille » puis « médecin généraliste » et maintenant « médecin référent »…ou « traitant » on s’y perd un peu. Il semblerait que ces deux derniers puissent avoir des engagements qui puissent être différents du moins en partie.
C’est le médecin qui choisit de devenir « référent » et c’est obligatoirement un généraliste. Il s’engage par exemple à appliquer des tarifs conventionnés et pratique le tiers payant.
Le médecin « traitant » est choisi par le patient…le médecin l’accepte… ou pas et dans ce cas le médecin peut être « généraliste » ou « spécialiste ».
Me voici bien loin de mes premières réflexions, dont je ne vous avais pas encore fait part, mais retournons-y quand même et nous allons faire un bond en arrière de soixante ans et un peu plus! Soyez sans crainte la nacelle est bien accrochée !
Lorsque j’étais jeune adolescente dans le petit village que nous habitions, point de médecin. Ce dernier habitait le chef-lieu de canton et se dévouait corps et âme pour visiter ses patients dans les villages des alentours. Cher docteur Mariani, chirurgien à votre heure pour soigner les blessures de nos agriculteurs, médecin bienveillant pour l’enfant que j’étais : « ça lui passera en grandissant » disait-il à mes parents affolés de me voir chercher sans arrêt ma respiration et il a eu raison, s’est passé sans raison comme s’était venu, médecin accoucheur même dans les pires situation, pédiatre, ne rechignant jamais lorsque quelqu’un du village profitait de votre visite pour vous solliciter…Toujours le sourire, vous alliez de l’un à l’autre et vous vous déplaciez sans vous plaindre. Peu ou pas de voitures à l’époque dans ces villages, c’est vous qui usiez la vôtre…ainsi que votre vie à courir la campagne.
J’ai grandi, retrouvé mon souffle …de coureur de fond m’a dit un jour un spécialiste…je me suis mariée et nous avons choisi dans notre quartier un médecin de famille…un peu au hasard. Cher docteur Taddei c’est avec gentillesse que vous avez assisté la jeune maman que j’allais être. Médecin pour nos bobos, accoucheur pour nos enfants et enfin pédiatre pour eux. Ceci a duré quelques années tantôt à votre cabinet très proche, tantôt à notre domicile et puis nous avons déménagé.
Curieusement si je revois bien le « bonhomme » dans mon souvenir, grand, bel homme, charmant et charmeur, d’un certain âge, presqu’un sénior, j’ai un doute sur son nom…Fiastre me semble-t-il ? Peu importe, cher docteur pas de problème pour les visites à domicile, d’ailleurs je me demande combien de fois nous sommes allés à votre cabinet, vous avez pris en charge la santé de nos trois enfants et à l’occasion celle des parents. Jamais pressé, la visité effectuée vous ne refusiez jamais un café ou une boisson et nous étions parti pour un bavardage sympathique et sans regarder la montre.
Nous avons depuis plus de vingt un médecin adorable mais comme ses confrères, ne fait plus de visite à domicile…(ou en cas d’extrême, extrême gravité). Il m’a expliqué qu’il perdait ainsi moins de temps…je le conçois et sans doute y avait-il parfois des abus de la part de certains patients … Comme avec ses confrères qui j’imagine ne sont pas favorables à augmenter leur clientèle, en prenant rendez-vous il est de bon ton de préciser « que vous êtes déjà patient du docteur » à moins que ceci ne soit pour vous retrouver plus vite dans le fichier informatique de préférence.
Du médecin qui avait le « temps » on est passé au médecin qui vous écoute, vous soigne mais surtout « prescrit » …d’abord une ordonnance, une prise de sang, une radiographie, un examen complémentaire etc… Médecins de notre époque vous êtes devenus des médecins « prescripteurs » ou l’administratif mange sur le temps qui nous était consacré.
Qu’est devenue aujourd’hui la pratique de la médecin ? Où sont passés nos « médecins de famille » ? Il y a-t-il moins de médecins, plus de patients ? …Les médecins vivent-ils plus mal leur vie professionnelle que nos médecins d’autrefois ?...Questions sans réponse pour ma part.